Châtiments
La semaine dernière, c'était bien beau :
L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme,
Pourvu que samedi ça ne tourne pas comme le père Hugo l'avait dit:
La mêlée en hurlant grandit comme une flamme.
La batterie anglaise écrasa nos carrés.
La plaine où frissonnaient les drapeaux déchirés,
Ne fut plus, dans les cris des mourants qu'on égorge,
Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge ;
Gouffre où les régiments, comme des pans de murs,
Tombaient, où se couchaient comme des épis mûrs
Les hauts tambours-majors aux panaches énormes,
Où l'on entrevoyait des blessures difformes !
Carnage affreux ! moment fatal ! l'homme inquiet
Sentit que la bataille entre ses mains pliait.
Je vais vous faire un aveu: j'ai découvert ces lignes presque en même temps que vous, ou presque, je ne connaissais que le vers L'espoir... et encore, à travers Astérix. Merci google. C'est que je n'ai jamais trop aimé Hugo, au moment où on me l'a fait lire, c'est à dire en première. Après,j'ai toujours réussi à y échapper (jusqu'en licence de Lettres Modernes, quand même. Je crois qu'aujourd'hui je suis mûre pour le lire.)
Mais c'est comme Racine: Phèdre, à 15-16 ans, ça me passait 20 pieds au-dessus de la tête. aujourd'hui... Seingneur, le plus bel aveu amoureux de la littérature française (je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue)
Je sais bien qu'il faut que la jeunesse connaisse ses classiques, mais je suis persuadée qu'il y a des textes qui ne s'apprécient que plus tard. Ceci dit, j'en suis le contre-exemple vivant. J'ai passé mon temps à lire des textes "pas de mon âge" (l'Etranger à 13 ans, ben oui au ski et avec que ça à lire...) et à m'entendre demander ce que je pouvais y comprendre, ce qui avait le don de m'agacer, bien sûr. On y comprend toujours quelque chose, et il ne faudrait pas prendre les jeunes que pour des cons...
Vous avez dit paradoxale? Ou contradictoire? Une linguiste pour me répondre?